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1432HO – Denier Hostilia – Lucius Hostilius Saserna

Avers : Anépigraphe

Tête barbue de guerrier gaulois à droite (Vercingétorix); derrière, un bouclier gaulois.

Revers : L. HOSTILIVS / SASERN (Lucius Hostilius Saserna)

Guerrier combattant dans un bige galopant à droite, conduit par un aurige, tenant les rênes de la main droite et un fouet de la main gauche; le guerrier, nu est tourné à gauche, brandissant une javeline de la main droite et tenant un bouclier de la main gauche.

BnF 3.82gr

Atelier

Rome

Datation 48 avant J.C.

Matière Argent

Gens : Hostilia

Références : RRC 448/2a – B.2 (Hostilia) – Syd.952

Descriptif : C’est le plus gaulois des deniers romains ou le plus romain des guerriers gaulois. La tête échevelée et barbue n’a rien à voir avec le buste élégant et hellénisant des statères arvernes épigraphes de Vercingétorix. Néanmoins, dans de nombreux ouvrages d’histoire ou de latin, c’est le visage du vaincu qui a été retenu, pour illustrer le chef gaulois, pour nous représenter l’image du chef battu par César qui devait être peu âgé et à demi-barbare afin de symboliser le combat de titan qui avait opposé les deux hommes dans la dernière phase de la Guerre des Gaules. N’oublions pas, au contraire, que le chef gaulois était âgé d’une vingtaine d’années quand il souleva la Gaule contre l’envahisseur et, n’en n’avait pas trente quand il fut étranglé dans sa prison à Rome. Encore une fois, c’est un acteur direct de la Guerre des Gaules, Lucius Hostilius Saserna, collaborateur de J. César, qui a fait frapper ce denier, deux ans avant le quadruple Triomphe de son ami et mentor.

Variante : La légende au revers est L. HOSTILIVS / SASERNA

Référence : RRC 448/2b

Denier Hostilia – Lucius Hostilius Saserna
BnF 3.89gr
Extrait de Description historique et chronologique des monnaies de la République romaine d’Ernest Babelon

L. Hostilius Saserna. Monétaire vers 708 (46av. J.-C.)

On trouve mentionnés dans les auteurs plusieurs personnages du nom de Saserna ; mais c’est la numismatique seule qui nous apprend que ce cognomen était commun dans la gens Hostilia. Du temps de Caton et de Varron, vivaient deux écrivains du nom de Saserna, le père et le fils, qui ont écrit sur l’agriculture. Deux autres personnages de ce nom, un Saserna dont on ne connaît pas le prénom, et P. Saserna étaient lieutenants de Jules César pendant la guerre d’Afrique en 708 (46 av. J.-C.). Les monnaies portent le nom de L. Hostilius Saserna, et il est probable qu’il s’agit du frère de P. Saserna dont les historiens taisent le prénom. Cicéron nous apprend qu’il devint ami d’Antoine et d’Octave après la mort de César, auquel il était demeuré toujours très attaché. Les monnaies de L. Hostilius Saserna ont été frappées entre les années 705 et 708 (49-46 av. J.-C.), car Saserna n’a pu remplir les fonctions de triumvir monetalis qu’avant la guerre d’Afrique à laquelle il prit part comme lieutenant de César. Les types des deniers de L. Saserna sont fort intéressants.

Sur le denier n° 2, nous voyons au droit, comme l’a démontré Eckhel, la tête de Pavor ou la Peur, sous les traits d’un vieil-lard barbu, les cheveux hérissés; peut-être a-t-on donné à Pavor les traits du chef gaulois Vercingétorix qui venait d’être vaincu par Jules César; le bouclier gaulois placé derrière la tête autorise cette conjecture.

Au droit du denier n. 3, c’est la tête de Pallor ou la Pâleur, sous les traits d’une femme au visage pâle et amaigri; on pourrait y voir la Gaule vaincue, à cause du carnyx gaulois qui l’accompagne. Mais cette adaptation des types de ces deniers aux faits récents de la conquête de la Gaule, n’empêche pas de reconnaître en même temps dans ces types, les antiques divinités Pallor et Pavor. Le monétaire L. Hostilius Saserna rappelait ainsi à ses contemporains, en même temps qu’un fait récent, une tradition de famille : son ancêtre le roi Tullus Hostilius avait, le premier, fait élever des temples spéciaux à Pavor et à Pallor. Ces deux divinités de la terreur panique qu’on identifia dans la suite avec les génies grecs avaient leur origine dans l’effroi qui saisit l’armée romaine, à l’époque de Tullus Hostilius, dans une bataille entre les Romains et les Veiens. Les Albains, alliés des Romains, s’étaient tout à coup tournés contre eux, et les soldats de Tullus Hostilius effrayés prenaient la fuite, lorsque le roi de Rome fit voeu, s’il remportait la victoire, d’élever un temple à Pavor et Pallor. Le revers du- n. 2 doit rappeler soit cette bataille où Rome courut de grands dangers, soit plutôt Vercingétorix combattant sur son char gaulois. C’est à Pavor et à Pallor que Scipion l’Africain l’Ancien sacrifia lors de sa campagne contre Asdrubal, pour que l’armée romaine fût délivrée de la terreur panique que causaient aux soldats les embûches nocturnes des Carthaginois.
Nous avons dit que sur les deniers n. 3,4 et 5, on voit le carnyx. La trompette guerrière des Gaulois est si souvent reproduite sur les monnaies de la république romaine que nous croyons utile de rappeler ici les recherches du marquis de Lagoy à ce sujet, et de dire sommairement en quoi consistait cet instrument. Un passage des Commentaires d’Eusthate sur l’Iliade (v. 219) nous apprend que la trompette particulière aux armées gauloises avait le nom celtique de carnyx, ~Kapvug. Elle était, selon cet auteur, d’assez grande dimension, et l’embouchure était façonnée en forme de tête d ‘animal; le son qu’elle rendait était aigu et strident. On voit le carnyx non seulement sur tous les deniers de la république qui rappellent des défaites des Gaulois et des barbares, mais encore notamment sur les bas-reliefs de l’arc de triomphe d’Orange et sur les médailles gauloises elles-mêmes.
Les têtes de Vercingétorix et de la Gaule, ainsi que la forme des carnyx et des boucliers qu’on reconnaît sur nos médailles, sont les mêmes que celles des deux captifs enchaînés aux pieds des trophées des monnaies de Jules César (V. Julia). Le revers du n. 3 est à rapprocher de celui du denier de P. Silius Nerva où l’on voit des personnages qui s’avancent sur une passerelle pour aller déposer dans une urne leur bulletin de vote. Ici, nous avons de même trois électeurs qui marchent d’un air recueilli sur la passerelle, l’un derrière l’autre, pour éviter l’encombrement et le désordre autour du scrutin. Cette passerelle appelée pons ou ponticulus qui donnait accès vers l’urne de vote, avait été, sur l’ordre de Marius, rétrécie pour empêcher les hommes influents d’y stationner et d’exercer une pression sur les votants. César fit construire de vastes enclos (saepta) où devaient se réunir les comices, et Suétone nous représente le dictateur se tenant, dans une circonstance importante, sur le pons du scrutin et appelant les tribus ad suffragia. Le monétaire L. Hostilius Saserna, dévoué à César, a voulu sans doute représenter les électeurs s’avançant vers l’urne en obéissant au mot d’ordre et à la voix du conquérantdes Gaules.
Le type de la Diane d’Ephèse si fréquent dans la numismatique de l’Asie Mineure, est resté sans explication sur le denier de L. Hostilius Saserna. Rappelons cependant que le sanctuaire de Diane sur l’Aventin rappelait l’Artemisium d’Ephèse; sa construction ou les réparations dont il dut être l’objet, avaient peut-être été l’oeuvre d’un Hostilius. Quant aux types du n. 5, ils se rapportent à Jules César. La tête de Vénus figure très fréquemment sur les monnaies de César, et cette divinité était considérée comme l’ancêtre de la gens Julia. La Victoire qui porte un trophée, symbole d’une bataille gagnée, et un caducée, symbole de paix, fait sans doute allusion à la paix qui suivit la bataille de Pharsale qui fut livrée en 706 (48 av. J.-C.) ; L. Hostilius Saserna paraît avoir rempli les fonctions de magistrat monétaire peu de temps après.

Lieux de découverte (67 exemplaires)

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Galerie (deniers classés par ordre décroissant de masse) 448/2a

BnF 4.02g
BnF 3.77g
BnF

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Christopher Merat

Je suis le rédacteur de ce site, numismate et avant tout passionné d'Histoire et de mythologie.